NORD 3400 NORBARBE

 

L'observation à la française”

Dans les années qui suivirent la Seconde Guerre Mondiale l’industrie aéronautique française connut un boom technologique sans précédent, et la plus part des constructeurs aéronautiques développèrent des programmes pour l’Armée de l’Air, pour l'ALAT, et pour l’Aéronautique Navale. Parmi ces avionneurs figurait la société Nord Aviation qui fabriqua des avions pour les trois armées. Il s’agissait alors principalement d’avions d’entraînement, de transport, ou encore de liaison. Toutefois à la fin des années 50, en pleine Guerre d’Algérie, le constructeur se lança dans la construction d’un des meilleurs avions d’observation au monde à cette époque : le N.3400 Norbarbe.

En 1956 l’état-major de l’Armée de Terre établit un cahier des charges afin de se doter d’un nouvel avion d’observation et de liaison. L’Aviation Légère de l’Armée de Terre (ALAT) stipula en outre que le nouvel avion devait également être capable d’effectuer des missions de reconnaissance photographique, de cartographie aérienne, et d’évacuation sanitaire. Le cahier des charges avait été établi afin de remplacer les vieux monomoteurs de liaison d’origine américaine datant de la Seconde Guerre mondiale, et principalement les premiers Piper Cub datant de la France Libre.

Plusieurs constructeurs proposèrent des projets assez différents, mais rapidement les militaires français s’orientèrent vers celui défendu par la Société Nationale de Construction Aéronautique du Nord (SNCAN ou Nord). En mars 1957 l’ALAT annonça la commande de 150 exemplaires de l’avion alors connu sous le nom de Nord N.3400, sans qu’aucun avion n’ai alors été construit. Après l’officialisation du marché, la SNCAN se lança dans la production des deux premiers prototypes.

Le prototype fut construit en quelques mois seulement. Il s’agissait d’un monoplan monomoteur à ailes hautes disposant d’une structure métallique entoilée et d’un train d’atterrissage classique fixe. La roulette de queue était mobile. Le cockpit permettait le transport, en plus du pilote, d’un ou deux observateurs, ou bien d’un blessé sur sa civière. L’observateur principal disposait d’un siège pivotant sur 360° et de larges baies vitrées offrant une importante visibilité vers l’extérieur.

Le N.3400 fut en outre un des premiers avions français à être doté de réservoirs auto obturants, l’avion étant en effet appelé à survoler des zones de combat. L’avionneur chercha également un moteur susceptible de propulser l’avion de la manière la plus économique. C’est ainsi que le N.3400 fut doté du moteur en ligne Potez 4D34, celui-là même qui équipait le Nord-3202 d’entrainement.

L’avion a effectué son premier vol le 20 janvier 1958 entre les mains du pilote d’essais André Turcat, célèbre pour avoir fait voler le Griffon, la Caravelle, ou encore le Concorde. Le Nord N.3400 fut baptisé Norbarbe.

Disposant de qualité ADAC (Avion à Décollages et Atterrissages Courts) très fortes, le Norbarbe fut rapidement mis en service en Algérie par les unités d’appui de l’Armée de Terre pour des missions de soutien.

Beaucoup de Norbarbe furent en outre affectés sur les bases de métropole de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre, mais également dans le Pacifique. En 1960, trois N.3400 furent envoyés en renfort des Vautour de l’Armée de l’Air sur la base de Regghane, lieu de la première explosion nucléaire française. Ces trois monomoteurs volaient pour recueillir les poussières « atomiques » plusieurs semaines après l’explosion.

En 1962, l’ALAT versa six avions à la Gendarmerie Nationale pour des missions de surveillance routière, de maintien de l’ordre, ou encore de liaison d’état-major. Ces appareils étaient basés principalement en région parisienne, à proximité de Bordeaux, dans les Alpes, et en Provence. L’un des Norbarbe de la Gendarmerie fut en effet utilisé pour survoler Paris lors des manifestations estudiantines de mai 1968 afin de dénombrer les personnes présentes, mais également de servir de PC volant pour les gendarmes mobiles. Ces N.3400 effectuaient également des missions d’évacuation sanitaire au profit des autorités civiles. Les Norbarbe bleu marines de la Gendarmerie Nationale furent retirés du service en 1976 et remplacés par des Alouette III.

Après la Guerre d’Algérie, tous les Norbarbe furent employés entre la métropole, le Pacifique, les Antilles et l’Allemagne de l’Ouest. Dans ce dernier pays, une vingtaine de N.3400 furent affectés à des missions d’observation, de liaison, et de reconnaissance photographique, notamment à proximité des zones urbaines. Un Norbarbe fut même rattaché auprès du corps expéditionnaire français détaché à Berlin-Ouest et effectua des missions de liaison et de transport d’état-major.

Les N.3400 commencèrent à quitter le service actif en 1974 et le dernier fut rayé des listes en 1979. Ils furent principalement remplacés par des Alouette III et par des Puma.

Le N.3400 est le dernier avion français conçu spécialement pour l’observation à être entré en service. Contemporain du Cessna O-1 il était en outre un excellent avion d’entrainement, rôle qu’il joua durant ses trois dernières années de service. Actuellement un Nord N.3400 est exposé au Musée de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre installé sur l’aérodrome de Dax. 

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